[…] La femme n’a pas à proprement parler de parties sexuelles, puisqu’elle est elle-même partie sexuelle : partie sexuelle de l’homme trop encombrante pour un port permanent, et donc déposée la plupart du temps, puis au besoin reprise.
C’est d’ailleurs le propre de l’homme – à l’opposé de l’animal – de pouvoir à tout moment s’ajuster un instrument, un outil, une arme dont il a besoin justement, mais dont il peut aussitôt se débarrasser, au lieu que le homard est condamné à traîner toujours ses deux pinces avec lui.
Et de même que la main est l’organe d’accrochage qui permet à l’homme de s’ajuster selon ses besoins un marteau, une épée ou un style, de même son sexe est organe d’accrochage des parties sexuelles, plutôt que partie sexuelle lui-même.
Si telle est la vérité, il faut juger sévèrement la prétention du mariage qui est de ressouder aussi étroitement et indissolublement que possible ce qui fut dissocié.
Le roi des Aulnes / Michel Tournier
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