Je continue à faire semblant de n’être pas aveugle, je continue à acheter des livres, à en remplir ma maison. L’autre jour on m’a offert une édition de 1966 de l’Encyclopédie de Brockhaus. J’ai senti la présence de cet ouvrage dans ma maison, je l’ai sentie comme une sorte de bonheur. J’avais là, près de moi, cette vingtaine de volumes en caractères gothiques que je ne peux pas lire, avec des cartes et des gravures que je peux pas voir ; mais pourtant l’ouvrage était là. Je sentais comme son attraction amicale.
Je pense que le livre est un des bonheurs possibles de l’homme.
Conférences / Le livre / Jorge-Luis Borges
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