Le mouvement d’émancipation des juifs a commencé au XVIIIe siècle, au nom de la tolérance des Lumières, et à la suite de l’indignation de philanthropes face à l’état lamentable des ghettos. Le processus de reconnaissance de la pleine citoyenneté des juifs aboutit en France avec la loi du 27 septembre 1791, prélude à une propagation par les armées de la République, puis de l’Empire, qui vont bientôt déferler sur l’Europe. […]
A Rome, mur et portes du ghetto vont rester longtemps encore en place. […] Au début de son pontificat, vers 1850, Pie IX fait abattre les murs du ghetto. Néanmoins, les juifs – en tout cas leur majorité pauvre – continuent d’y vivre. Personne ne leur a proposé d’habiter ailleurs. […]
Quant aux ghettos d’Europe centrale, ils meurent, si l’on ose dire, de mort naturelle, hors de toute cérémonie d’abattage de murs et de portes. […]
Il aura fallu l’irruption du nazisme […] pour que les ghettos juifs non seulement ressuscitent, mais prennent une destination radicalement différente. A la différence des ghettos des siècles précédents, ceux-ci vont en effet devenir, dans la politique de la Solution finale, de véritables cimetières de vivants.
Histoire des murs / Claude Quétel
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