La monnaie fut créée à maintes reprises en maints endroits. Sa mise au point ne nécessitait aucune percée technique : ce fut une révolution purement mentale. Elle impliquait la création d’une nouvelle réalité intersubjective qui n’existe que dans l’imagination partagée des gens.
La monnaie ne se réduit pas aux pièces et aux billets de banque. […] La monnaie permet de comparer vite et facilement la valeur de marchandises différentes (pommes, souliers ou divorces), d’échanger aisément une chose contre une autre et de stocker commodément la richesse. Il y a eu de nombreuses sortes de monnaie. La plus familière est la pièce, qui est un morceau standard de métal imprimé. Mais la monnaie a existé bien avant l’invention de la frappe, et des cultures ont prospéré en utilisant d’autres types de devise : coquillages, bétail, peau, sel, grains, perles, tissus et billets à ordre. Les cauris ont servi de monnaie pendant plus de 4 000 ans en Afrique, en Asie du Sud et de l’Est et en Océanie. Au début du XXe siècle, dans la colonie britannique d’Ouganda, on pouvait encore payer ses impôts en cauris.
Dans les prisons et les camps de prisonniers de guerre modernes, les cigarettes ont souvent servi de monnaie. Même les détenus non fumeurs en acceptaient volontiers en paiement et calculaient la valeur des autres biens et services en cigarettes.
Sapiens, une brève histoire de l’humanité / Yuval Noah Harari
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